<< CHAUFFARD >> ET FIER DE L’ÊTRE

 

                                Sécurité routière : le livre scandale

A 58 ans Claude Vallier réclame le droit de rouler vite. En toute prudence et dans le respect des autres. Tant pis pour les beaux discours orthodoxes de la sécurité routière… (propos recueillis par Philippe Aquillon pour moto journal n° 163)

Table des matières

Le titre de votre livre, « je suis un chauffard » résonne comme une véritable provocation ?

En quarante ans, j’ai effectué plus d’un million et demi de kilomètres, dont une partie en moto, sans le moindre accident. Non par hasard, mais parce que j’ai tout fait pour cela. Alors oui, si je suis un chauffard, je suis fier de l’être.

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Quelles sont vos compétences pour mettre en cause la politique définie par des spécialistes et par l’état ?

Quelles compétences ont ces soit-disant spécialistes ? Moi, je m’intéresse au sujet depuis cinquante ans. Mon père était chirurgien à proximité d’une nationale. Nous étions constamment confrontés aux drames de la route. Pourtant, toute ma famille avait la passion des sports mécaniques. Et nous étions fiers de la vivre sans faire courir de risque à quiconque.

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A quoi donc attribuez-vous la baisse du nombre de tués depuis trente ans ?

D’abord à l’amélioration considérable du réseau routier. Le simple fait de doubler une voie divise par quatre ou cinq le nombre de morts ! Aujourd’hui, le réseau est bon. De fait, le nombre de morts s’est stabilisé ! Ensuite, cette baisse est due à l’éducation des conducteurs. A preuve l’Allemagne : les statistiques ont bougé après la réunification. Elle a dû assimiler des gens ne sachant pas conduire, de plus elle est dotés d’un mauvais réseau.

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Vous parlez de désinformation, de manipulations, à propos des limitations de vitesse ?

Les années gênantes ne figurent jamais dans les statistiques. L’échec de l’expérience de limitation de vitesse lancée en 1969 est oublié. Les 13.000 Km de nationales limitées en 1970, 1971 et 1972 sont passés sous silence. Selon la version officielle, les limitations datent seulement de 1973, année où le nombre de tués commence à décroître. En 1974, la France a enregistré une baisse de 13,5% des morts alors que la vitesse avait été considérablement libérée ! Cela est aussi caché. Quelques exemples flagrants de trucage…

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Vous vous élevez contre la répression actuelle. Croyez-vous sérieusement que l’on puisse s’en passer ?

Certainement pas. Je suis scandalisé que de véritables dangers publics continuent à circuler. Je prétends simplement que la répression n’est absolument pas axée contre les conducteurs dangereux. On tape allègrement sur des boucs émissaires.

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Vous dénoncez la limitation de vitesse. Que proposez-vous à la place ?

Pour diminuer les accidents graves, il faut lutter contre les accidents bénins. Pour exagérer, le code de la route devrait comporter un article préalable : il est interdit d’avoir des accidents. Chaque conducteur devrait respecter un contrat de résultat et se comporter de façon à ne faire courir de risques à personne.

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N’est-ce pas illusoire ?

Non. Appliquons la répression aux conducteurs qui ont des accidents et non à ceux qui passent trop vite devant les radars.  Aujourd’hui, seuls les contrevenants au dogme sont montrés du doigt. Pourquoi ne pas imposer des limitations progressives aux vrais mauvais conducteurs. Qui est le plus dangereux : celui qui roule à 125 km/h sur la RN10 à six heures du matin et à qui le tribunal retire son permis de conduire ou celui qui perd le contrôle de sa voiture, pulvérise un monument aux morts en plein village et s’en tire avec une amende mineure ? Un exemple vécu.

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Vous écrivez qu’il faut avoir peur. Que voulez-vous dire ?

Il faut être capable d’analyser toute situation où quelque chose aurait pu se passer. Se culpabiliser à chaque connerie commise, même si elle n’a eu aucune conséquence. Bref, éliminer les risques.

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Vous affirmez que les conducteurs dangereux sont ceux qui ont des accidents. Mais on peut avoir un accident grave sans être en tort, non ?

Oui, bien sûr. Il existe des circonstances fortuites ! Néanmoins, un bon conducteur doit toujours tout prévoir et tout imaginer, même l’exaction délibérée. Or la limitation de vitesse va à l’encontre de l’attention. Nous comptons trop sur la réglementation. Le permis s’appuie beaucoup sur le droit, et les conducteurs misent sur leur dextérité au volant ou au guidon. Ni l’apprentissage de l’adresse ou du droit ne mettront un terme à l’hécatombe routière. La sécurité est une affaire de mentalité, pas de philosophie.

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Selon vous, peut-on provoquer une catastrophe routière même après vingt ans de conduite sans le moindre pépin ?

Oui, pour moult raisons. Nos conditions de vie changent. Par exemple, lorsque j’ai eu ma Honda 600 CBR, j’ai filé trois coups de patin imprévus en un mois. J’ai vite compris que je déconnais. Je me suis remis en cause et j’ai corrigé le tir. Un bon conducteur cesse de l’être s’il ne comprend plus ses fautes. Je conseille souvent aux débutants de noter les risques qu’ils prennent sur un carnet. Pour ne pas recommencer les mêmes bêtises.

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Quelle question devrait se poser tout conducteur ?

Pour garder une chance raisonnable qu’il n’arrive jamais rien, il faut imaginer tout ce qui pourrait survenir : je ne suis pas prudent, je suis peureux !

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Par ailleurs, vous pointez les disparités dans les infrastructures d’une commune à l’autre. Comment y remédier ?

Nous sommes vraiment mal lotis ! Les responsables de ces questions n’ont jamais montré une réelle compréhension des problèmes de la route. Un accident tragique l’a encore prouvé voici quelques semaines. Une fillette a été tuée juste devant chez moi. Elle traversait un passage piéton situé juste après un arrêt de bus ! Je suis ulcéré car, à plusieurs reprises, J’ai tenté d’attirer l’attention des responsables à ce sujet.

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Dernières modifications le : 8 août 2001